Ah, la musique cubaine ! Quoi de plus exaltant que ces rythmes qui invoquent des images de plages de sable fin, de mojitos et de vieilles voitures américaines colorées ? Et au cœur de cet univers musical, une figure trône majestueusement avec son chapeau et son cigare : Compay Segundo.

Compay Segundo en quelques mots
Pour les non-initiés, Compay Segundo, de son vrai nom Máximo Francisco Repilado Muñoz Telles (ouf, tout un nom !), est un peu le Mick Jagger cubain. « Compay Segundo », traduit littéralement, signifie « second copain » car il aime chanter en deuxième voix.
Les débuts de Compay Segundo
L’enfance de Compay Segundo est marquée par ses origines modestes, sa connexion précoce avec la musique et ses racines cubaines.
Né le 18 novembre 1907 à Siboney, près de Santiago de Cuba, Compay Segundo grandit dans une Cuba encore en transition, se libérant du joug colonial espagnol et faisant face à l’influence croissante des États-Unis. Son héritage rural donne naissance à un attachement profond pour les traditions et les rythmes cubains.
Dès son plus jeune âge, Compay Segundo montre un talent inné pour la musique. À l’âge de 11 ans, il commence à jouer du tres, une guitare cubaine traditionnelle à six cordes (organisée en trois groupes de deux cordes). Influencé par le son cubano, un genre musical folklorique cubain, il apprend aussi à jouer avec de la clarinette et rejoint des bandas locales.
Avant de devenir un musicien professionnel à part entière, Compay Segundo exerce différents métiers bien loin des projecteurs, parmi lesquels barbier et cultivateur de tabac. Ces expériences, bien que sans rapport direct avec la musique, ont certainement influencé ses chansons et sa philosophie.
Une légende de la musique cubaine
Après avoir joué dans différents groupes pendant plusieurs années, dont le célèbre duo Los Compadres dans les années 1940 et 1950, Compay Segundo entame une carrière solo et se fait une place de choix dans la scène musicale cubaine.
S’il est surtout connu pour sa voix distinctive et chaleureuse, Compay Segundo est aussi le créateur d’un instrument à sept cordes appelé l’armónico. De ses dires, il conçoit cet instrument pour combler le vide entre le son aigu du tres cubain et les tonalités plus graves de la guitare.
C’est d’ailleurs de l’armónico qu’il joue dans son célébrissime morceau « Chan Chan », devenu pour beaucoup le visage de la musique traditionnelle cubaine.
Malgré ses contributions considérables à la musique cubaine tout au long du milieu du 20ème siècle, c’est dans les années 1990 que Compay Segundo gagne réellement une reconnaissance internationale en tant qu’artiste solo. À un âge où beaucoup auraient pensé à la retraite, Compay voit sa carrière prendre un nouvel essor.
Buena Vista Social Club : le « come-back » du siècle
Dans les années 90, Compay Segundo fait un retour fracassant grâce au projet « Buena Vista Social Club ». Sous la houlette du musicien américain Ry Cooder, ce projet rassemble plusieurs grands noms – Ibrahim Ferrer, Rubén González, Omara Portuondo, Orlando « Cachaíto » López, Eliades Ochoa… – de la musique cubaine pour enregistrer un album.
L’album Buena Vista Social Club sort en 1997 et rencontre un succès planétaire : couronné de Grammys, il se vend à des millions d’exemplaires dans le monde entier.
Un documentaire du même nom, réalisé par Wim Wenders, voit également le jour, mettant en lumière la vie et la carrière des musiciens du Buena Vista Social Club, dont Compay Segundo.
L’héritage de Compay Segundo
Compay Segundo s’éteint en 2003, mais son héritage perdure. Pour de nombreux amateurs de musique, il reste une icône de la son cubano, du bolero et d’autres genres traditionnels cubains. Son influence se perpétue à travers les artistes contemporains et sa musique continue de charmer les mélomanes du monde entier.
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