En déambulant dans les rues de Cuba, de Santiago à Bayamo, vous croiserez à plus d’une reprise des statues à l’effigie de Carlos Manuel de Céspedes ou des places à son nom. Et pour cause : Céspedes est aujourd’hui encore considéré par les Cubains comme le « Père de la Patrie ».
On vous explique pourquoi !
La jeunesse de Carlos Manuel de Céspedes : premières expériences révolutionnaires
Carlos Manuel de Céspedes y López del Castillo naît en 1819 dans une famille de riches propriétaires terriens de Bayamo, dans l’ancienne Province d’Oriente (actuelle Province de Granma). Il va au lycée à La Havane, puis part pour l’Europe où il obtient un diplôme de droit de l’Université de Barcelone puis un Doctorat de l’Université de Madrid.
L’Espagne vit alors une période troublée. Céspedes s’engage dans le mouvement révolutionnaire du Général Juan Grim. Mais la rébellion menée par ce dernier contre le régime de Baldomero Espartero se solde par un échec et Céspedes doit fuir le pays.
Il voyage alors en France, en Angleterre, en Suisse, en Turquie, en Grèce, en Allemagne et en Italie avant de rentrer à Cuba en 1844.
Le retour à Cuba
De retour à Cuba, Céspedes s’installe à Bayamo et y ouvre un cabinet d’avocat. En secret, il commence à échafauder ses plans pour l’indépendance cubaine.
En 1852, il prend part à une rébellion contre les Espagnols et est condamné à une courte peine de prison. Il sera emprisonné à nouveau à deux reprises les années suivantes.
Le « Cri de Yara » et le début de la Guerre des dix ans
Inspiré par la Révolution de 1868 en Espagne (aussi appelée La Gloriosa, « la Glorieuse »), Céspedes invite un groupe d’indépendantistes à le rejoindre dans sa propriété de La Demajagua, près de Bayamo, le 8 octobre 1868. Là, ils rédigent le « Manifiesto de la Junta Revolucionaria de la Isla de Cuba », exigeant l’indépendance de Cuba, l’instauration d’une République avec des représentants élus au suffrage universel et l’émancipation des esclaves en échange d’une indemnisation.
Deux jours plus tard, Céspedes lance le « Cri de Yara », proclamant l’indépendance de Cuba. Il libère ses esclaves et les enrôle dans son armée révolutionnaire, qui ne compte alors que 147 hommes (les effectifs atteindront jusqu’à 17 000 hommes au plus fort de la guerre).
Une semaine plus tard, Céspedes et son armée marchent sur Bayamo et prennent la ville. Ils en garderont les commandes pendant quelques mois, avant qu’elle ne retombe aux mains des Espagnols. Avant d’abandonner leurs positions, les indépendantistes mettent le feu à la ville et la brûlent : le hasard veut que l’un des seuls bâtiments qui aient survécu à l’incendie soit la maison dans laquelle Céspedes avait vu le jour quarante ans plus tôt.
Aujourd’hui encore, la ville de Bayamo reste un symbole de l’indépendantisme cubain.
Céspedes Président et « Père de la Patrie »
En 1869, les rebelles proclament la Constitution dite « de Guáimaro », écrite, entre autre, par le célèbre indépendantiste Ignacio Agramonte. Céspedes est élu et devient le premier Président de la République en armes.
En 1870, Oscar, le fils de Céspedes, est capturé par les Espagnols. Ils réclament sa reddition contre la vie de son fils. Céspedes répond :
« Dites au général (…) qu’Oscar n’est pas mon seul fils : je suis le père de tous les Cubains ayant perdu la vie pour la Révolution ».
Oscar Céspedes est fusillé le 3 juin 1870. Depuis ce jour, les Cubains surnomment Carlos Manuel de Céspedes le « Père de la Patrie ».
Céspedes destitué
Pendant les années suivantes, les rangs des indépendantistes sont divisés par des querelles intestines grandissantes. Beaucoup craignent que Céspedes ne prenne trop de pouvoir.
En 1873, Carlos Manuel de Céspedes est destitué et remplacé au poste de Président de la République en armes par Salvador Cisneros Betancourt.
La mort de Carlos Manuel de Céspedes
Destitué de son poste de Président, Céspedes se réfugie dans la Sierra Maestra, une vaste chaîne montagneuse au Sud-Ouest de Cuba.
Là, il est surpris par une troupe de soldats espagnols en février 1874. Céspedes résiste et chute dans un ravin en tentant de se défendre.
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Crédits :
Emmanuel Huybrechts
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