Ignacio Agramonte, ennemi juré du « Père de la Patrie », Carlos Manuel de Céspedes, est une figure devenue mythique des guerres d’indépendance cubaine. Pourquoi détestait-il tant Céspedes ? Comment a-t’il gagné sa réputation de « mayor », « le meilleur », de l’armée cubaine ? On vous dit tout.
La jeunesse d’Ignacio Agramonte
Ignacio Agramonte y Loynáz naît en 1841 à Puerto Príncipe, dans l’actuelle Province de Camagüey. Son père, Ignacio Agramonte Sánchez Pereira, est un avocat originaire du Royaume de Navarre (territoire historique du Pays Basque). Sa mère, María Filomena Loynáz y Caballero, descend d’une riche famille de notables de Camagüey.
En 1852, Agramonte est envoyé au collège à Barcelone. Il en revient en 1856 pour étudier le Droit à l’Université de La Havane.
Ignacio Agramonte et la Franc-Maçonnerie
En 1867, il participe à la création de la loge maçonnique de Tínima, avec cinq autres indépendantistes.
Ignacio Agramonte et le début de la Guerre des dix ans
En octobre 1868, Carlos Manuel de Céspedes et une poignée d’indépendantistes se soulèvent contre les Espagnols dans l’actuelle Province de Granma.
En novembre, les indépendantistes de Camagüey s’insurgent à leur tour. Une semaine plus tard, Ignacio Agramonte rejoint la révolte.
Très vite, il se révèle être un dirigeant aux idées bien arrêtées et plein de talent. Il prend rapidement des responsabilités grandissantes dans les rangs indépendantistes.
Ignacio Agramonte face à Carlos Manuel de Céspedes
Dès le début de la guerre, des dissensions apparaissent parmi les indépendantistes. Les divergences d’opinions se font plus que jamais sentir à l’assemblée durant laquelle la Constitution dite « de Guáimaro », rédigée en partie par Ignacio Agramonte, est proclamée.
En effet, alors que Carlos Manuel de Céspedes, qui sera élu premier Président de la République en armes, est en faveur d’une chaîne de commandement politico-militaire, Ignacio Agramonte milite pour l’instauration d’institutions démocratiques. Par ailleurs, Agramonte accuse Céspedes de diriger les indépendantistes en despote et lui reproche de faire preuve de favoritisme.
Ces désaccords poussent Agramonte à provoquer Céspedes en duel, mais ce dernier refuse, arguant qu’ils sont l’un comme l’autre nécessaires au combat de Cuba pour l’indépendance.
Agramonte finit par renoncer à son siège à la chambre des représentants. Il endosse alors la responsabilité de Major Général de l’Armée libératrice, à la tête de la faction de Camagüey.

Agramonte, Major Général de l’Armée libératrice
Lorsqu’il est nommé Major Général de l’Armée libératrice, Agramonte n’a aucune expérience militaire. Agramonte travaille avec acharnement, apprend à combattre à la machette et lit des dizaines d’ouvrages historiques et militaires. Adoré de ses troupes, il forme une cavalerie que ses victoires rendront célèbre.
La mission de sauvetage du brigadier Julio Sanguily, est tout particulièrement devenue légendaire. En 1871, Julio Sanguily est fait prisonnier par les troupes espagnoles. En grande infériorité numérique et contre toute attente, Agramonte, accompagné de 35 hommes, réussit à sauver Sanguily et à infliger de graves pertes aux Espagnols.
Ses exploits lui valent d’être surnommé « el mayor », le meilleur : un vrai retournement de situation !
La fin d’Ignacio Agramonte
En 1873, au cours d’une campagne militaire remarquable, Agramonte et ses troupes envahissent la Province de Las Villas. Mais il est surpris par une embuscade et tombe au combat en mars, à Jimaguayú. En fouillant son corps, les Espagnols réalisent qui ils ont abattu : ils rapatrient son corps à Eglise San Juan de Dios à Camaguëy et l’incinèrent, de peur que les indépendantistes n’attaquent la ville pour récupérer ses restes et n’en fasse un martyr.
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